Le tour de passepasse fut de laisser croire que l’obtention d’une mousse généreuse validait en amont, une bonne espèce bien récoltée, bien transportée, bien torréfiée et aussi bien conservée, pour combler votre légitime satisfaction. Alors que la mousse résulte seulement de l'émulsion de ses graisses, sans révéler la moindre qualité.
L’image de l'industriel d'antan, celui qui sacrifiait les qualités organoleptiques, pour ces marges, s'effaça au profit de celle d'une supposée élévation de gamme. Métamorphose surprenante, mais suffisante, pour éviter que l’on s’interroge sur le véritable contenu de ces capsules et/ ou dosettes et leurs machines dédiées.
Des millions de dosettes se vendent chaque jour, sans la moindre coercition, d’une part, et d’autre part, son omniprésence, loin de se tarir, continue de progresser de façon insolente. Alors chapeau bas et résignons-nous face à la sanction des consommateurs.
Cependant, notre résignation à devenir une survivance pour amateurs irréductibles s’est transformée en révolte à la lecture des propos d’un des directeurs marketing de ces mastodontes.
Afin de redonner un nouvel élan, cette dernière conseille « de remettre de l’émerveillement au cœur des dosettes, d’évoluer vers plus de générosité et de dimension humaine ».
Ils se sentent inarrêtables, intouchables, incontrôlables. Tout est devenu art de communiquer et sa traduction concrète, l’évolution de ses parts de marché. Là est leur émerveillement, misant en retour sur notre aveuglement !
À contrepied, je vous mets au défi d’avoir la générosité de nous communiquer une analyse exhaustive des procédés et intrants concourant à la réalisation de vos cafés (et tristement aussi, de vos thés et vos chocolats). J’irais même jusqu’à vous suggérer d’autres créneaux porteurs, comme un futur piano à bières, à vins et/ou à alcools, alimenté identiquement par des doses uniques de couleurs différentes, pour ne pas s’y perdre. Vous maitrisez le truc, maintenant !
À contrepied, je vous mets au défi de publier les conséquences humaines de vos techniques. Outre, la pollution par les innombrables capsules vides, dont je vous suggère de les faire en matière biodégradable, sans rien changer au reste, mais surtout sur une filière café dont les équilibres furent rompus.
Du côté traditionnel, c’est un torréfacteur qui accomplit la magie aromatique. Dans un cylindre en rotation autour d’un axe, le café est porté à température, afin que les acides aminés et les sucres se recombinent en arômes. L’objectif étant de mettre à la disposition de l’amateur une palette des plus étendue, en fonction des offres des marchés des matières premières.
Du côté préemballé, quand est-il ? Outre, cet encapsulage qui n’apporte rien aux saveurs, comment se passe la transformation des arômes. Peut-on trouver des explications sur les paquets ? Comment achetez-vous sur les marchés ? Quelles origines, quelles transformations, quelles conservations ? Pourquoi, n’abordez-vous jamais les aspects techniques en amont de la réalisation du café ?
Votre univers où Dieu , les valises égarées, être une star parce que présent dans vos magasins ne nous y aide pas vraiment…
Depuis les années 80, les laboratoires savent synthétiser les arômes, et évidemment pas seulement ceux du café. Les arômes de synthèses sont légion dans notre alimentation et aucun procédé industriel n’y échappe. Reproduire en laboratoire est plus rentable que produire un végétal et le transformer.
Le législateur oblige, depuis le 20 janvier 2009, les fabricants de denrées alimentaires à indiquer sur l’étiquette tous les ingrédients contenus et ceci indépendamment de leur pourcentage dans le produit fini.
J'en appelle au discernement de la profession, à sa responsabilité en tant qu'acteurs, notamment le comité français du café, qu'au moins, ensemble, plutôt que de chercher à commercialiser sous forme de capsules et dosettes, nous levions le voile sur leurs procédés. Nous le devons, au consommateur final.
J’en appelle au discernement de chaque consommateur, ne serait-il pas normal de connaitre les modes à fabriquer le contenu de chaque capsule et/ou dosette. Avant qu’à chaque repas, nous nous souhaitions, en paraphrasant Pierre Rabhi, plutôt bonne chance, que bon appétit, quand leur "émerveillement" se généralisera.